Memorophilia’s chair surrounded by floating images to the pond

Projet Rebel 9, Chaise d’une personne sujette aux troubles de la mémoire qui flotte entre les images dans un lac, canapé, chaise, réalité mixte(MR), dimension variable, 2018

 

La mémoire n’est pas l’image. Elle serait plutôt une tension qui tire cette image de toutes parts. Une image peut faire partie d’archives, mais pas directement celle de la mémoire. Car la mémoire ne peut s’accumuler dans des archives fermées, telle une architecture immuable. L’action répétitive d’entassement peut amener à l’écroulement, et fissure la ligne du temps. Notre mémoire se situe à cet endroit-là. Et c’est par dans cet interstice minuscule qu’un corps entrelacé par un désir de se souvenir et un désir d’oublier se dessine. Notre mémoire n’est pas un enregistrement brut de l’espace-temps. Elle n’est qu’une trace tissée par les fils de la mémoire et de l’oubli. Ici, sur une chaise, un patient sujet à des troubles de la mémoire attend son passage vers la mémoire ou vers l’oubli.

 

Artist’s Note

Une personne est tombée malade à force de vouloir se souvenir de tout. Il ne supporte plus sa maladie, cependant il ne se souvient plus du jour où il est arrivé ici. Mais c’était la nuit. Il murmure continuellement sur cette chaise afin de se rappeler l’heure où il est arrivé et où il a vu cet espace pour la première fois.

 

Il y a un petit bateau sur un étang qui était rempli d’eau mais il ne semblait pas si profond. Seule la lueur de la lune provient des nuages entrebâillés. Il n’est pas sûr que l’étang soit profond ou non. Seules ces quelques colonnes autour de cette barque témoignent de la probabilité que cette étendue d’eau fut la Terre. Il n’y a même pas de petit mouvement, comme si la barque avait jeté l’ancre, mais on voit l’eau défiler sur les bords. L’étang n’est donc finalement pas complètement fermé. Lorsque l’on regarde longtemps les colonnes, un écheveau posé à la proue de la barque commence à osciller. Mais nous ne savons pas pourquoi. Il n’y a que neuf colonnes et quelques fils sur le bateau pour se souvenir. Se souvenir, c’est en même temps pouvoir aussi oublier. Mais dans cet étang, la mémoire et l’oubli sont tous deux engloutis. Soudain, comme s’il y avait un trou au fond de l’étang, l’eau commence à se retirer. La barque tangue et dès lors l’eau commence à rentrer dedans.

 

La barque commence à être submergée par l’eau, lentement au début, puis très vite après. Nous ne pouvons plus discerner l’heure dans la pénombre qui s’obscurcie à mesure que la lueur de la Lune disparait.  Sous l’étang, beaucoup de corps ont une même attitude, de chute ou de flottement. En traversant ce temps étiré, je suis revenu à moi-même.

Memoriphilia’s chair surrounded by floating images to the pond
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Apologies for the inconvinience caused.